Revue des marchés de février 2025
Canada Vie - Mar 06, 2025
Pour le mois ayant pris fin le 28 février 2025
Introduction
Les marchés boursiers mondiaux ont été en baisse en février. Les investisseurs craignent que les tensions commerciales grandissantes affaiblissent l’économie mondiale. L’une des principales banques centrales, la Banque d’Angleterre, a tenu ce mois-ci une rencontre au cours de laquelle il fut décidé de soustraire 25 points de base du taux directeur. L’inflation, encore trop élevée dans de nombreux pays, continue d’incommoder les consommateurs.
Au Canada, l’économie a gagné 2,6 % sur une base annualisée pendant le quatrième trimestre. Il n’en demeure pas moins que l’indice composé S&P/TSX a été tiré vers le bas par la faiblesse du secteur des technologies de l’information. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada ont décliné. Les actions et les rendements des bons du Trésor des États-Unis ont chuté. Le prix du pétrole a baissé mais celui de l’or a monté.
Les tensions commerciales mondiales s’accentuent
Février a été marqué par les tensions causées par la possibilité d’une guerre commerciale internationale qui risque de faire tomber l’activité économique mondiale. En effet, au début du mois, les États-Unis avaient menacé d’imposer une surtaxe de 25 % sur les produits importés du Canada et du Mexique, mais de seulement 10 % sur l’énergie canadienne. Le Canada et le Mexique avaient réussi à obtenir un sursis temporaire d’un mois. À la fin de février, le président Donald Trump a fait savoir que ces tarifs douaniers seraient appliqués à compter du 4 mars.* Le jour même, la Chine allait être frappée d’un droit de douane additionnel de 10 %. La Chine a déclaré qu’elle répondrait par des tarifs de rétorsion. Il est aussi question de tarifs réciproques sur tout pays dont la surtaxe sur les produits états-uniens est plus élevée. Le président Trump a déclaré vouloir ajouter une taxe de 25 % sur toutes les importations d’aluminium et d’acier, y compris les produits finis. L’administration des États-Unis juge nécessaire d’inclure ceux-ci, car la Russie et la Chine auraient, croit-elle, trouvé le moyen de contourner les règles. Il est prévu que ces taxes auront des conséquences néfastes sur l’activité commerciale mondiale et risquent de mettre à mal la croissance économique mondiale. Après analyse, la Banque du Canada (BDC) croit que ces tarifs pourraient abaisser la croissance économique canadienne de 2,5 %.
*Les droits de douane de 25 % contre le Canada et le Mexique sont entrés en vigueur le 4 mars. Les produits énergétiques canadiens sont, eux, assujettis à une surtaxe de 10 %. Les États-Unis ont également augmenté d’un 10 % additionnel les tarifs déjà infligés à la Chine. Le Canada a rapidement riposté avec ses propres tarifs.
Les tarifs ébranlent l’optimisme des consommateurs canadiens
Bien que l’activité économique canadienne ait repris au quatrième trimestre de 2024, son avenir est cependant assombri par la nécessité de composer avec d’importants droits de douane états-uniens, et la confiance des consommateurs et des entreprises en souffre. Le produit intérieur brut du Canada s’est accéléré de 2,6 % sur une base annualisée au quatrième trimestre, supplantant ainsi le taux de croissance révisé de 2,2 % du trimestre précédent. La baisse des taux d’intérêt a poussé les consommateurs et les entreprises à dépenser. Le relâchement des conditions financières semble soutenir l’économie canadienne, mais cela pourrait être de courte durée avec de tels tarifs à l’horizon. L’avenir économique du Canada préoccupe le consommateur canadien. Pour la semaine ayant pris fin le 21 février, le Bloomberg Nanos Canadian Confidence Index (BNCCI) révèle que 65 % des Canadiens s’attendent à ce que l’économie s’affaiblisse au cours des six prochains mois. Cette diminution de la confiance pourrait influencer leur façon de dépenser et d’investir. Selon Statistique Canada, les ventes au détail ont reculé — pour la première fois depuis juin dernier — de 0,4 % en janvier. En outre, l’activité du marché de l’habitation a chuté en janvier. Le marché de l’immobilier pourrait souffrir de cette perte de confiance et de l’incertitude économique. La BDC a aussi exprimé son inquiétude, ajoutant qu’elle avait opéré la coupe de taux de janvier en prévision entre autres des conséquences négatives des tarifs.
La Réserve fédérale des États-Unis peut se montrer patiente
Autour de la moitié de 2024, les conditions économiques ternes et le recul de l’inflation avaient laissé les marchés espérer que la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) allait réduire les taux d’intérêt à une cadence soutenue. Or, l’amélioration du marché du travail, l’inflation encore élevée et la vigueur de la croissance économique ont poussé la Fed à ralentir le rythme. Celle-ci doit accomplir deux grandes missions : stabiliser les prix et maximiser l’emploi. En janvier, le taux annuel de l’inflation aux États-Unis a grimpé à 3,0 % depuis 2,9 % en décembre. Pendant ce temps, l’indice des prix des dépenses de consommation personnelles (PCE), la jauge préférée de la Fed en matière d’inflation, a monté de 2,5 % d’une année sur l’autre. Bien que ce soit moins qu’au mois précédent, cela reste au-dessus de l’inflation cible de la Fed. Le marché du travail continue à faire montre d’une force relative malgré un recul en matière d’embauche. L’économie a créé 143 000 emplois en janvier, contribuant ainsi à ramener le taux de chômage à 4 %, le pourcentage le plus bas depuis mai 2024. Dans le procès-verbal de sa dernière rencontre, la Fed fait remarquer que, considérant la résilience de l’économie des États-Unis, elle peut se montrer patiente quant à la réduction des taux. Toutefois, les vastes tarifs que se propose d’imposer l’administration des États-Unis pourraient faire dérailler ces conditions économiques pour l’heure solides. Les prix pourraient monter, et toute diminution des dépenses se répercuterait sur le marché du travail.
Les prix à la consommation montent en Chine
Au grand plaisir de Beijing, les pressions inflationnistes se sont accentuées en janvier, calmant, du moins temporairement, l’appréhension d’une déflation. Le taux annuel de l’inflation en Chine s’est relevé de 0,5 % en janvier, contre 0,1 % en décembre. Il s’agit de la croissance la plus rapide depuis août 2024, croissance qui a été alimentée par la montée marquée des prix des aliments et des habitations. Les mesures de relance du gouvernement chinois semblent porter ses fruits. Le gouvernement chinois avait annoncé l’an passé la mise en place d’un train de mesures fiscales substantiel destiné à stimuler la demande intérieure et la production. Il avait aussi promis d’adopter une politique fiscale proactive en 2025. La banque centrale chinoise fait sa part. L’an passé, la Banque populaire de Chine (BPC) a réduit les taux préférentiels des prêts à un et à cinq ans à leurs plus bas niveaux. Après les avoir maintenus en février, la BPC a déclaré vouloir assouplir encore davantage sa politique afin de soutenir l’économie chinoise. Et l’économie chinoise pourrait bel et bien avoir besoin d’encore plus de soutien. La Chine fait face aux imposants tarifs états-uniens, ce qui pourrait s’avérer exigeant étant donné que les conditions économiques sont déjà difficiles.