Revue des marchés de mars 2025

Canada Vie - Apr 09, 2025

Pour le mois ayant pris fin le 31 mars 2025

Introduction

Les marchés boursiers mondiaux ont décliné en mars. Les tensions commerciales croissantes et la crainte d’un fort recul de l’activité économique dû aux tarifs ont pesé sur l’humeur des investisseurs. Des surtaxes sont entrées en vigueur en mars, et on en attend d’autres en avril. La Banque du Canada (BDC) et la Banque centrale européenne (BCE), se disant préoccupées par les tensions commerciales mondiales, ont abaissé les taux d’intérêt en mars.

Au Canada, l’avenir incertain de l’économie commence à se faire sentir sur l’activité des consommateurs et des entreprises. Les consommateurs dépensent moins et on s’attend à ce que les entreprises embauchent moins et sabrent dans leurs dépenses. L’inflation a repris, en raison surtout de la fin du congé de taxe de vente. L’activité manufacturière s’est affaiblie depuis quelques mois. Le secteur manufacturier canadien pourrait être malmené par les imposants tarifs douaniers.

 

L’indice composé S&P/TSX a reculé, alourdi par les secteurs des technologies de l’information et de l’industrie. Les actions états-uniennes ont grandement chuté au cours du mois. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada ont monté, tandis qu’ils sont restés inchangés aux États-Unis. Le prix du pétrole a augmenté. Le prix de l’or a fracassé un nouveau record, car les investisseurs cherchent un peu de sécurité dans cette incertitude économique. 

 

Les tensions commerciales persistent

Avec toutes ces discussions entourant les tarifs, cela a encore été un mois de montagnes russes pour les marchés financiers. Après 30 jours de délai, les États-Unis ont imposé une surtaxe de 25 % à l’encontre du Canada et du Mexique le 5 mars, de même qu’un tarif de douane additionnel de 10 % à l’endroit de la Chine. Les exportations énergétiques canadiennes ont, quant à elles, été frappées d’une surtaxe de 10 %. Tout cela a perturbé les marchés et les perspectives de l’économie canadienne. Les États-Unis ont cependant fait marche arrière sur certains produits en fonction d’exemptions figurant dans l’accord Canada—États-Unis—Mexique. Le Canada a réagi en imposant ses propres tarifs. La saga des tarifs ne s’est toutefois pas arrêtée là. Un peu plus tard, toujours en mars, les États-Unis ont décidé de frapper d’un droit de douane de 25 % toutes les importations d’aluminium et d’acier chez eux, sans exception. Cette décision a déclenché à travers le monde une pléiade de réactions et, dans certains cas, de tarifs de rétorsion de la part de nombreuses économies. Vers la fin de mars, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient appliquer au début d’avril une surtaxe sur les véhicules importés. Des tarifs punitifs doivent aussi entrer en vigueur le 2 avril. Toutes ces sanctions additionnées auront probablement des répercussions négatives sur l’activité économique mondiale. Vers la fin mars, le premier ministre canadien Mark Carney et le président des États-Unis Donald Trump se sont entretenus et entendus pour discuter de commerce, et d’autres questions, après les élections fédérales.

 

Les tarifs douaniers obscurcissent les prévisions de banques centrales

Plusieurs grandes banques centrales ont tenu des rencontres en mars. La plupart se sont dites préoccupées par les tarifs et leurs effets sur les économies mondiales et locales. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre n’a pas changé ses taux, mais elle a admis que les tarifs risquaient de tirer l’activité économique vers le bas. La BCE continue à assouplir sa politique monétaire. Elle a encore réduit son taux directeur de 25 points de base. La BDC ajoute observer d’ores et déjà des signes de stress sur l’économie européenne. Il va sans dire que les tarifs pourraient la perturber davantage. Au Canada, la BDC a réduit son taux directeur au jour le jour de 25 points de base à 2,75 %. Elle a déclaré qu’elle avait opéré cette coupe en réponse aux tarifs états-uniens. Sinon, les administrateurs disent qu’ils auraient maintenu les taux en mars. La banque centrale du Canada est persuadée que ses réductions antérieures ont soutenu l’activité économique, mais que les tarifs sont venus jeter de l’ombre sur son avenir. La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a conservé le taux des fonds fédéraux à l’intérieur d’une fourchette de 4,25 % à 4,50 %. Elle a cependant révisé à la baisse ses prévisions quant à la croissance des États-Unis cette année, mais à la hausse celles quant à l’inflation. Finalement, la Banque populaire de Chine (BPC) a maintenu en mars son taux préférentiel. Le gouvernement chinois vise une croissance d’environ 5 % en 2025. On peut craindre, toutefois, que les tarifs et certaines faiblesses au sein de l’économie constituent autant d’obstacles vers l’atteinte de ce but. Le gouvernement et la BPC prévoient implanter d’autres mesures cette année. Les banques centrales devront manœuvrer prudemment dans les mois à venir, avec ces tarifs susceptibles de faire déraper l’activité économique.

 

La confiance des consommateurs et des entreprises canadiennes vacille

Tandis que les législateurs des deux côtés de la frontière poursuivent leur discussion sur les tarifs, la dégradation de la relation commerciale avec les États-Unis exacerbe l’incertitude quant à la vigueur de l’économie du Canada en plus de miner la confiance des consommateurs et des entreprises. Du côté du consommateur, l’indice Bloomberg Nanos Canadian Confidence, un sondage hebdomadaire, a chuté dans le courant de 2025. On craint de plus en plus que l’économie canadienne s’affaiblisse dans les six prochains mois et que le marché du travail et la situation financière des ménages en souffrent. La diminution des ventes au détail en janvier et février pourrait conforter cette préoccupation.

 

Les entrepreneurs se font également du souci en ce qui a trait aux perturbations commerciales et à leurs conséquences sur les ventes. Le baromètre mensuel des affaires du CFIB a enregistré en mars sa plus forte baisse depuis sa création en 2000. Beaucoup d’entrepreneurs croient que les tarifs auront des effets négatifs qui influenceront leur politique d’embauche et leurs décisions en matière de dépenses. Un autre rapport révèle que plusieurs ne considèrent plus les États-Unis comme un partenaire commercial fiable. Par conséquent, ils cherchent à multiplier leurs investissements et leurs ventes à l’intérieur du pays. Sous la menace des tarifs douaniers déjà en place et ceux à venir, l’état d’esprit des consommateurs et des entrepreneurs a tourné à l’aigre. Si l’on se fie aux récentes données sur les dépenses et les investissements, cette mauvaise humeur plombe l’activité économique.   

 

Aux États-Unis, les ventes au détail augmentent un peu

La résistance des consommateurs états-uniens semble s’être effritée au début de 2025. Les conditions financières demeurent difficiles, tandis que les tarifs, et leurs conséquences potentiellement négatives sur l’économie des États-Unis, refroidissent l’optimisme des consommateurs. Les ventes au détail ont gagné aussi peu que 0,2 % en février, soit moins que prévu. Il s’agit d’un deuxième mois décevant de suite pour les ventes au détail qui avaient chuté de 1,2 % en janvier. Elles ont augmenté chez les détaillants de produits de santé et d’hygiène personnelle, mais cette hausse a été partiellement contrebalancée par une diminution des ventes dans les stations-service, les services de restauration et les débits de boissons. Selon un autre rapport, les dépenses personnelles ont monté de 0,4 % en février, alors que les économistes s’attendaient à plus. Tandis que la demande diminuait, l’inflation restait élevée. Elle se chiffrait à 2,8 % en février, bien au-dessus de la cible des 2 % de la Fed. L’indice des prix des dépenses personnelles de consommation (PCE), indicateur préféré de la Fed sur le plan de l’inflation, était de 2,5 % en février. L’inflation de base s’est accélérée. Les changements en matière de commerce et de politiques ébranlent la confiance des consommateurs états-uniens qui continuent, par ailleurs, à subir des coûts d’emprunt élevés et des pressions inflationnistes importantes. On croit que les tarifs vont faire monter les prix et entraver la croissance économique des États-Unis.